Author & Punisher – Drone machines

Heart & Crossbone
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Il arrive que certaines déconstructions permettent de raviver les appareils que l’on croyait éteints, ou moribonds. C’est le cas d’Author & Punisher, pseudonyme de Tristan Shone, un seul homme dont le bruit, la fureur et le rugissement pourraient sortir d’une légion tout entière. D’appareils il sera question, d’un bout à l’autre de la chaîne. Pour aboutir à cette « drone machine », ce monstre industriel métal vintage, il faut à Tristan Shone un arsenal d’objets métalliques, d’ordinateurs, autant que de cordes saturées et compressées. Seul à toutes ces commandes, il donne aussi de la voix d’une manière brûlante qui n’est pas sans rappeler assez souvent le chant d’Al Jourgensen pour les morceaux Thieves ou Burning inside (sur ce qui reste bien l’un des meilleurs sinon le meilleur album de Ministry, The mind is a terrible thing to taste). On reconnaîtra ailleurs, les influences de Godflesh ou des premiers albums de Pitchshifter, voire du précurseur Swans. Ce qui n’empêche pas Author & Punisher, comme la plupart de ses tuteurs, de fréquenter les descentes cold, d’une lourde et lente mélancolie où voix et guitare se répondent. L’atelier, tous les sons trouvés ou recomposés, aboutissent à une sorte de renouveau de ce pan de la musique industrielle, qui se revigore en puisant à sa source expérimentale, celle d’un drone analogique, de son gras et craquelé, dominé par le gris. Lenteur et lourdeur riment de nouveau dans ce rock qui, certainement motivé par de récentes et vertueuses expressions de l’ultra-densité, celles du bourdon doom, sludge, les assemble au jeu d’une syntaxe plus ancienne mais régénérée par l’apport de style. Author & Punisher, dans ses accords graves, qui n’en finissent pas de sombrer, entraîne avec lui une vision du monde souterrain où s’éclairent fugitivement les parois : vapeur, magma, éclosions, implosions, serpents de feu… en sont les gemmes.

Denis Boyer

2011-08-14