My Cat Is An Alien – Mort aux vaches / Yellow Swans – Mort aux vaches

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Publiés simultanément, ces deux Mort aux vaches semblent issus d’un même agrégat, d’une matière qui oscille principalement du rouge orange au brunâtre, couleurs qu’évoquent aussitôt les musiques qui s’y déploient, tant l’absence de forme solide et la distorsion figurent le feu et sa vapeur. Les différences de méthode, de sédimentation, de départ et de bourgeonnement des deux musiques sont en revanche notables. Les Italiens de My Cat Is An Alien ont développé pour cette session enregistrée dans les locaux de la radio néerlandaise VPRO une suite bouclée de vaporisation de cordes et de glitches. Les crépitements d’harmoniques de cordes rejoignent ceux de l’informatique, et cet entrelacs se trouve perlé par les micro-percussions live (lamelles de métal frottées ?). Tout ceci prépare un nuage d’ondulations claires, qui s’amassent en brouillage ; l’intervention de cuivres lointains et sauvages termine de propulser ce moment d’aveuglement dans l’indompté. Ce psychédélisme par condensation s’apparente à une métamorphose, à une croissance ou à une réaction chimique, à rebours de l’apparition mélodique. Pour le duo Yellow Swans, à l’inverse, la totalité du spectre sonore est explorée dès l’entrée, et la variation ne se fait pas tant sur la forme ou la densité que sur le dessin à l’intérieur de la brume magmatique. Cette vapeur de métal en fusion, si l’on risque cette image facile qui pourtant s’impose, sinue en proto-mélodie, en même temps qu’elle joue les volutes et qu’elle s’épaissit ou au contraire se délite : traitements divers, sons de cordes semble-t-il, la matière y est à peine reconnaissable, et c’est de peu d’importance, elle vise à brouiller son chiffre pour mieux placer au jour celui du fredonnement primordial. Quelques chantonnements bien réels ceux-ci, viennent en de rares endroits et à l’arrière-plan, surcharger inutilement cette masse en circonvolution, qui n’en a pas besoin ; ce que réussit Troum généralement sur la vague de lumière, pénètre mal la texture gazeuse. C’est bien la seule réserve à émettre tant Yellow Swans dit ici la mélancolie du volcan.

Denis Boyer

2009-09-26