Hampson Robert – Vectors

Touch : La Baleine
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Au cœur même de son océan – the Main – Robert Hampson avait peu à peu décidé son attention sur les plus petits éléments (Kaon), jusqu’à en faire le plus important de son travail musical et finalement réaliser ses nouvelles œuvres sous son propre nom. Cette démarche, plus qu’anecdotique, marque sa sortie à la fois du rock, mais aussi de la musique ambiante et scelle la bascule dans un monde d’expérimentation savante (Francis Dhomont) dont Vectors est un témoin officiel. Les trois pièces de ce disque ne constituent pas les parties organiques d’un tout pensé comme tel, mais sont trois œuvres en apparence isolées, toutes résultant de commandes pour la France, deux du GRM (Paris) et une du festival Vibrö (Poitiers). Isolées en apparence seulement car au-delà de leur différence que nous allons rapidement balayer, elles montrent un artisanat commun, un travail de plus en plus patient qui rend les travaux de Robert Hampson tout aussi rares. Umbra, la première pièce, est en soi un monde nocturne. Tout d’abord parce qu’elle est pensée dans le concept suivant : chaque bloc de son apparaissant occulte les suivants dans son ombre. Les petits sons grandissent, s’émancipent pour à leur tour charger d’éclipse la suite de la création musicale. Mais son appartenance à la nuit s’illustre aussi bien sur un deuxième niveau métaphorique, où l’on considérera tous ces sons, claquements de mandibules, souffles contenus, harmoniques linéaires, dans leur conversation qui tient de la symphonie entomologique, celle que l’on entend mais que l’on ne voit pas, qui donne chaleur à la nuit. Cette poésie organiciste du micro-son est la grande qualité que Robert Hampson a appris à développer et qui n’est pas sans rappeler Toy Bizarre. Deuxième pièce, Ahead – Only the stars, dont le thème est tout à fait différent (hommage à des missions de la NASA), oblige l’utilisation de sons d’autre nature, mais pas d’autre format. C’est-à-dire que leur volume, leur granulométrie, et même leur longueur d’ondes, répondent à l’identité musicale de Robert Hampson, stimulant, au cœur même de l’impondérable, du fugitif, une organicité certaine, un tissage. Et si pourtant, cette deuxième pièce est, sur le disque, celle qui connaît le plus d’accrocs, ceux-ci sont souvent préposés à l’ouverture d’un nouveau déroulement. Le dernier morceau, Dans le lointain, utilise des sons enregistrés par Robert Hampson au début des années 80, auxquels il a appliqué un traitement plus récemment. Est-ce l’origine ancienne des sources ?, Dans le lointain est la pièce qui montre le plus certainement cet attachement à la texture, à la solidarité des matériaux entre eux. Vrombissement, tintements, miroitements, micro-souffles et drones, tous fluctuent, malgré leur différence de mouvement, de langue, dans une même et longue ondulation vasculaire, humide et mélancolique qui, il faut le reconnaître, est aussi celle qui rappelle le plus le geste final de Main.

Denis Boyer

2009-09-24