Pateras Baxter Brown – Live at l’Usine

Cave 12 – Metamkine
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De la percussion comme forêt : Anthony Pateras, au piano préparé, ici en trio avec Sean Baxter (batterie) et David Brown (guitare préparée), et c’est l’éveil printanier d’une sylve de frappes, de roulements, de martèlements, de cascades. Les trois instruments communiquent dans cette improvisation live et forment dans le jeu de réponses de leurs doux roulements une sorte de terreau. Et parfois il se fait moins dense, entendre qu’il se désagrège pour laisser place l’espace de quelques instants à l’un des trois instruments : c’est la préséance consentie (préparée) à l’un d’entre eux par les deux autres. Alors, celui qui s’élève est comme serti d’une feuillée d’harmoniques ou de métaux. Babillages de pluies en fines percussions, manière de pavoiser le geste, et l’arrière-plan se peuple à nouveau des échos prononcés par les autres cordes, les autres fûts. Bien sûr ces élévations sont fertiles, et d’elles naissent des sons plus amples, plus longs ou plus résonnants. Ailleurs, à, l’inverse, les peignées, les ressorts, les sauts, les trottinements, sont espacés, et sont lancés en échos les uns des autres, et la friche devient déambulation d’insectes, à leur tour de plus en plus nombreux, pour retrouver la densité (parfois abreuvée d‘une source de piano plus grave et plus résonnante) de la figuration végétale : un fourmillement. La variété des harmoniques, la matité ou la brillance des beaux sons préparés, rapportent à hauteur d’œil, d’oreille, cette conversation savante qui se partage entre altitude et surface rase. On la suit comme on s’intéresse au brouhaha d’une foule dont la langue nous est inconnue mais les mimiques, les inflexions, les interpellations, sont éminemment familières : avec une attention séduite.

Denis Boyer

2009-02-22