1000schoen – Amish glamour (music for the sixth sense)

Taâlem / Lucioléditions
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Ex-membre de Maeror Tri, Helge Siehl a continué de composer après la séparation du trio. Mais il a été moins fécond et moins présent que Troum, la formation des deux autres anciens membres du groupe. Comme eux, il a néanmoins continué d’explorer par la musique ambiante des territoires de la conscience qui ne relèvent déjà plus du langage. Son univers est lumineux, humide, son paysage ouvert. Le drone, car il s’agit d’un orfèvre du bourdon, le drone est serti de fines percussions métalliques, tantôt en rythme mais rarement, plus souvent en ponctuation comme des éclosions. C’est une musique de matin, d’éveil et, quand certaines nappes restent alourdies de nuit, d’autres, plus légères, réchauffées, s’élèvent, torsadées en ébauches mélodiques (la cold wave de haute influence, sur le deuxième morceau). Cet aspect paradisiaque et pré expressionniste doit beaucoup à Zoviet*France ou à Voice Of Eye, et le troisième morceau est l’incontestable débiteur de Rapoon, jusque dans les courts échos de voix, fantômes peut-être du créateur dans son espace, comme nous l’avons déjà suggéré. L’enveloppe du disque elle-même prolonge cette impression, avec ses pierres au fond de l’eau, image distordue du repos, comme sur la pochette de Errant angels de Rapoon. Dans cette beauté maîtrisée et étendue, un tour de force reste encore à souligner : jamais, même dans les moments les plus lumineux, un acquiescement new age ne vient ternir les longs développements méditatifs. Ils semblent d’avant le bonheur, peut-être pas d’avant la tristesse (n’oublions pas que Maeror Tri célébraient « The beauty of sadness »), mais comme chez Loren Nerell d’une introspection grave et éclairée.

Denis Boyer

2009-02-22