Kodak Strophes / Martyn Bates – Post-War Baby

Hive-Arc https://kodaxstrophes.bandcamp.com/releases   Le pseudonyme Kodak Strophes a été imaginé il y a longtemps par Martyn Bates, en marge d’Eyeless in Gaza. Mais ce n’est que récemment qu’il lui a donné forme. Volontairement brumeuse, onirique en profondeur, c’est une musique laboratoire, principalement instrumentale et paysagère, où les échos industriels, les field recordings et les nombreux traitements d’instruments dessinent un tableau tendant vers l’abstrait mais toujours empreint de figures. Du moins c’était sensible sur le premier album, publié en 2020 (http://www.feardrop.net/?p=3046). Mais aujourd’hui avec Post-War Baby (nous avons tous grandi avec la construction d’un roman familial dont les premières pages à l’évidence ont été écrites avant notre naissance), Martyn Bates irrigue Kodak Strophes d’un bien plus grand lyrisme ; son chant est présent sur tout l’album. De même, l’usage d’instruments plus traditionnels est assumé. Alors, que reste-t-il de la volonté d’abstraction revendiquée ? Sans doute faut-il regarder avec attention le double dénomination Kodak Strophes / Martyn Bates. Si […]

Kodak Strophes / Martyn Bates – It Doesn’t Matter Where It’s Solstice When You’re In The Room

Klanggalerie https://www.klanggalerie.com/gg357   Longtemps Martyn Bates a mûri ce qui allait prendre la forme de Kodak Strophes. Qui est attentif à la musique du duo Eyeless In Gaza qu’il constitue depuis plus de quarante ans avec  Peter Becker sait combien les ambiances sonores, les collages, les textures, les impressionnismes y sont aussi importants que le rythme et la mélodie. En 1979 déjà, avant de fonder Eyeless In Gaza, Martyn Bates avait montré, le temps de deux cassettes sous le nom de Migraine Inducers, son intérêt et sa pratique d’une musique purement expérimentale, évidemment sans l’outil informatique, d’esthétique souvent industrielle et noise, c’est-à-dire conçue à l’aide d’instruments, d’objets non conventionnels, et montée avec la liberté de progresser en dehors des sentiers mélodiques et rythmiques traditionnels. Eyeless In Gaza s’est donc trouvé dès le début capable de travailler la matière sonore de manière crépusculaire et onirique, comme d’explorer le fonds folk qui a nourri la jeunesse de […]

Eyeless In Gaza – Ink Horn / One Star

Ambivalent Scale www.eyelessingaza.com   Où en est-on de cette redéfinition du clair obscur travaillée sur les deux derniers albums de Eyeless In Gaza, Sun blues et Winter sang ? Dans de nombreux contes, le héros doit choisir entre deux chemins, l’un bien éclairci, droit, rapide, et l’autre, embroussaillé, incertain, mais prometteur d’aventures. Dans ces contes, le héros choisit toujours le deuxième, car l’épreuve est la condition de la transfiguration. Je tiens Eyeless In Gaza (Martyn Bates et Peter Becker) pour le groupe de la voie médiane. Leur musique est toujours aventureuse mais ne quitte jamais la forme de la chanson.  Ici encore, le travail mélodique et les arrangements ont reçu la même attention que la texture. Après quarante années d’un tel artisanat, il est logique que l’acclimatation au clair obscur bénéficie d’une grande maîtrise. Silvered Song, ouvrant l’album, s’entend comme le chant lent et pesant qui parcourt une lande au ciel noirci – le vent l’habite […]

Eyeless In Gaza – Winter Sang

Ambivalent Scale www.eyelessingaza.com Formé il y a presque quarante ans, l’univers d’Eyeless In Gaza a très vite trouvé sa stabilité, sa gravité, son timbre. Le duo de Martyn Bates et Peter Becker, parfois rejoint par Elisabeth S., a profité de l’énergie novatrice post-punk pour réactualiser un éternel folk, propulsé par des emprunts à la pop et les éclats cristallins d’une cold wave naissante que le groupe a contribué à définir. Bien sûr, les albums connaissent différents tempéraments et il existe des extrémités ; entre le minimalisme de Drumming The Beating Heart et les constructions très envolées de Back From The Rains, il semble s’être creusé un écart de saisons. Pourtant, l’identité est perceptible. Cela tient sans doute à la fraîcheur jamais démentie de la voix de Martyn Bates, comme à la palette de nombreux instruments dont les plus modestes contribuent à toujours placer Eyeless In Gaza au plus près d’une source fredonnante. Car aussi aventureux que […]