Drone à clochettes – Drone à clochettes (LP)

Le Cri de la harpe

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Au début des années 2000, Thomas Robyn avait contribué dans Oldine en compagnie de Sébastien Roux, et plus généralement avec son label Le Cri de la harpe, à flouter les frontières entre post rock, cold wave et musique ambiante. La musique d’Oldine se trouvait chargée de ce projet bien sûr, dont on trouvait d’autres réalisations chez les artistes publiés par le label, comme Droneament, Aidan Baker ou encore Harpagès pour en citer quelques-uns.

Aujourd’hui, Thomas Robyn a réactivé le label, notamment pour la sortie de l’album de Drone à clochettes, son nouveau projet, cette fois en compagnie d’Elisa Krywonis. Le LP constitué de deux morceaux par face est homonyme, comme pour appuyer la simplicité de ce nom, lequel dénonce à l’évidence plus qu’une fausse naïveté, plutôt un esprit au plus près des choses. Drones de guitare, mélodica, avec les clochettes dont il est question, et aussi pour habiter ce tissu, la voix d’Elisa Krywonis. Au départ sur le morceau Désert, tantôt fredonnée, parfois à la limite du souffle et happée par le treillage des harmoniques de cordes, elle peut aussi chanter en esprit crépusculaire comme dans certaines œuvres de folk minimaliste. Il suffit, sur le morceau suivant, Soleil, que la guitare s’échauffe, se distorde, accepte le riff, et la combinaison qu’elle forme alors avec le chant évoque le paradoxe thermique atteint par Menace Ruine sur l’album The Die Is Cast. Ce qui revient, en d’autres termes, à faire rougeoyer les pierres grises du couvent.

Si la chaleur projetée dans le froid concluait la première face, la seconde s’ouvre avec le morceau Lune où cette fois le chant semble embrumer la boucle principale du morceau. Sélénite ou solaire, on ne saurait domicilier le duo, tant il joue, de même que le drone accorde gîte à la clochette, sur la mixité de la musique : texture et figuration s’y accordent, avec une place prépondérante laissée à cette dernière sur les deux morceaux « astraux », espaces d’échauffement, alors que le premier et le quatrième les encadrent de leur bourdon presque uniforme, d’une variation lumineuse dont l’angle varie doucement au gré de la chaloupe du fuseau de voix. Une telle entrée et sortie en matière – de matière – vaut l’hébergement du silex dans l’argile, de la perle dans la voluptueuse chair de l’huître, ou de la sonnaille dans le drone…

 Denis Boyer