Mirt – Vanishing Land

R-7610184-1445095543-5515.jpeg

BDTA

bdta.pl

 

J’ai déjà évoqué la qualité paysagiste de Mirt, telle qu’il l’a démontrée sur l’album Artificial Field Recordings par exemple. Qu’il s’agisse de synthétiseurs, de sons trouvés, de field recordings même (des vrais), tout est matière et relief dans la composition d’une bande-son qui couvre un paysage complet. L’album Vanishing Land, pensé d’abord comme la compilation de trois EP, complété par des interludes et des morceaux inédits, n’échappe pas à cette règle, et sa construction elle-même donne naissance à une nouvelle entité sonore. À l’intérieur des morceaux tout d’abord, l’on assiste au déploiement organique des sons : bourdon, pulsation, pépiement. Stratifiant ainsi sa musique subtilement vascularisée, Mirt s’adosse aux monuments de Zoviet*France ou Rapoon, ajoute sa pierre à l’édifice d’une musique matricielle. Dès l’instant que ce regard est posé, on comprend les réverbérations comme les palpes ou les vaisseaux d’un paysage sonore en expansion. Toute synthétique qu’elle soit en bien des endroits, la musique de Mirt globulise, respire, palpite, s’étend en spirales fractales. Prenons de la hauteur, depuis le cosmos qui surplombe les crêtes de ce paysage, l’auditeur scrute les exhalaisons sonores d’une même terre, tantôt rythmée, tantôt sablonneuse, toujours habitée. Que l’éclosion lumineuse, la caravane du désert, les éclats de voix ou la douce circulation des vagues protomélodiques la peuplent, cela n’a pas d’importance. Ils parlent tous la même langue d’avant Babel : estompement des frontières entre les sons, équilibre des matières, amalgame parfait. Mirt est un alchimiste.

Denis Boyer