Githead – Art pop

Swim / La Baleine
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La musique de Wire fut d’abord désignée comme « art punk », qualificatif rapide mais qui soulevait la complexité dans la musique d’un groupe participant à l’urgence du brandon musical qui a connu son plus vif rougeoiement à la fin des années 70, tout en jouant avec les luminosités, la tristesse et le minimalisme, la froideur et la plus aristocratique des sécheresses rythmiques. La new wave qui s’ensuivit prit naissance en grande partie dans et avec la musique de Wire. Des années plus tard et de nombreuses expériences en manière d’enrichissement (y compris deux reformations de Wire), Colin Newman a fondé Githead, en compagnie de son épouse Malka Spigel (Minimal Compact) et de Robin Rimbaud (Scanner). Les concerts et leur premier album Profile, avaient montré la recherche d’une formule qui équilibrerait toutes les participations, une musique pop héritière de la mélodie de Wire et du funk froid de Minimal Compact. Max Franken, batteur de M.C., est d’ailleurs venu rejoindre le groupe et remplacer la boîte à rythme pour plus de souplesse. Profile était un bel album et Art pop en est une magnifique projection. Les dosages ont été repensés et l’on constate qu’aujourd’hui, l’influence de Colin Newman chanteur de Wire (à la voix éternellement jeune) y est prégnante. C’est la base sur laquelle les morceaux s’épanouissent, c’est-à-dire des ambiances mélodiques et sonores dans la ligne d’Ideal copy (l’album de 1987, lors de la première reformation de Wire). Cette direction adoptée, les autres musiciens y posent leur empreinte : les arpèges de guitare en réminiscence de la cold wave de John MacGeoch et de l’épure gothique de Wayne Hussey pour Robin Rimbaud, et la basse lourde et souple à la fois de Malka Spigel. Sa voix, en chœur ou en lead, tout aussi forte des équilibres de chaleur que peut l’être sa basse, s’impose parfois sur ce qui semble une déviation de l’album, comme sur le morceau de broken pop minimale Lifeloops – étonnante incursion dans une esthétique où l’on entend les échos de Young Marble Giants comme ceux de Cocorosie, mais dont la production, qui saisit la cassure pour garder sa saillance tout en émoussant son tranchant, témoigne d’un art très particulier : celui d’une pop froide et élégante, déjà modèle il y a trente ans et plus que jamais pertinente. D.B.

D.B.