Pateras Baxter Brown – Live at l’Usine

Cave 12 – Metamkinewww.metamkine.com De la percussion comme forêt : Anthony Pateras, au piano préparé, ici en trio avec Sean Baxter (batterie) et David Brown (guitare préparée), et c’est l’éveil printanier d’une sylve de frappes, de roulements, de martèlements, de cascades. Les trois instruments communiquent dans cette improvisation live et forment dans le jeu de réponses de leurs doux roulements une sorte de terreau. Et parfois il se fait moins dense, entendre qu’il se désagrège pour laisser place l’espace de quelques instants à l’un des trois instruments : c’est la préséance consentie (préparée) à l’un d’entre eux par les deux autres. Alors, celui qui s’élève est comme serti d’une feuillée d’harmoniques ou de métaux. Babillages de pluies en fines percussions, manière de pavoiser le geste, et l’arrière-plan se peuple à nouveau des échos prononcés par les autres cordes, les autres fûts. Bien sûr ces élévations sont fertiles, et d’elles naissent des sons plus amples, plus […]

Oöphoi – Potala / Hum – The spectral ship / Tidal fire

Substantia Innominata / Drone Recordswww.substantia-innominata.de Substantia Innominata est une branche de Drone Records, consacrée à l’exploration « des possibilités infinies qui s’offrent aux artistes de composer une musique à propos de l’intangible : l’Innommable, l’Imprononçable, l’Impensable, L’Inidentifiable », en un mot ce que le poète a devoir d’exprimer en attentant à sa nature d’indicible, cet inconnu ontologique contre quoi se débat désespérément le langage, entreprise en laquelle la musique montre des résultats bien plus immédiatement satisfaisants. Si ce label ne propose que des disques vinyles en format 25cm (10’’), il s’agit bien là de l’unique différence avec le label source, Drone, dont les sorties sont exclusivement formatées en 7’’, différence augmentée de la distinction de temps qui s’ensuit. Hors cela, le manifeste pourrait être le même. Et l’on sait combien l’entreprise de documentation du drone par Stefan Knappe est précieuse, et participe de l’élaboration d’un dictionnaire, dont nous essaierons prochainement sur ce site de donner […]

Oöphoi – An aerial view

Wurm – Glacial Movementswww.glacialmovements.com Glacial Movements, le label d’Alessandro Tedeschi / Netherworld, a pour vocation de constituer le catalogue musical des glaces. Pour éviter de paraître trop « könerien », autant sans doute que par inclination naturelle à la musique synthétique aérienne, l’Italien Oöphoi a répondu à l’invitation en décidant toutefois d’échapper aux « clichés du genre : sombres vrombissements, imposantes fréquences basses et atmosphères froides ». Il a préféré décrire en sons « le paysage blanc et la lumière éblouissante… ». Soit. Il reste toutefois à vérifier que ces deux séries sont à ce point dissociables, qu’elles puissent constituer deux expressions d’une poétisation musicales de la glace absolument autonomes, voire opposables. A l’écoute de An aerial view – qui remplit le projet de Oöphoi, observer cette glace « du dessus », la survoler comme un interminable paysage – on est saisi par la calme beauté qui s’étale doucement sur la totalité de la longue […]

Oldman – Two heads bis bis

Low Impedance Recordings Oldman, moitié de Man, moitié de l’homme, moitié de la main. Vieil homme, vieille main, oui, c’est cela, le geste de l’artisan, qui connaît son affaire. Celle des cordes. Bien vieilles celle-là ? Pour tout dire, elles ne sont pas sous la lumière des pluies de piano qui irriguaient la musique de Man. Dans l’atelier d’Oldman, la lumière n’est pas électrique, et les outils sont de main, de poing presque. Lentement, dans la fumée, dans l’obscurité, la basse tourne, déjà ronde d’avoir été si longtemps tournée – et ce tour n’a-t-il pas été signé par Tuxedomoon ? Et les notes de guitare, craquelées, grignotées par l’âge et le delay, lui donnent habit de sciure. Sur cet établi tout semble lissé d’une patine qui est aussi la plus douce des corrosions. Les tintements abreuvent ce bois, luttant à armes bien inégales contre la fumée bleutée. Peut-être que l’artisan est aussi un peu chamane… […]

Napalmed – III

Napalmedwww.napalmed.virtualserver.cz Le duo tchèque Napalmed représente, comme Contagious Orgasm ou Christian Renou à leur manière, une part remarquable d’un artisanat musical dont ne sont pas familières de plus jeunes générations qui pratiquent l’ordinateur comme atelier. Pour Napalmed c’est donc la « tradition industrielle » qui se poursuit en eux, qui utilise tout aussi bien les objets trouvés de toutes sortes que les sons de leurs propres corps. Si tant est que l’on veuille accorder valeur et pertinence à la question de savoir qui est « industriel » ou ne l’est pas, il est amusant de remarquer que les puristes concèdent cette épithète plus volontiers à des musiciens comme Napalmed, qui travaillent « à l’ancienne », et c’est paradoxalement une vision « artisanale » donc archaïque de l’industrie qui l’emporte, alors que la notion même, lorsqu’elle a été produite à la fin des années soixante-dix, était associée à une aliénante modernité. Quoi qu’il en soit, le […]

Namblard Marc – Chants of frozen lakes

Kalerne / Atelier Hui-Kanwww.kalerne.net Pour l’aspect, chacun s’entend à trouver dans la peinture informelle l’écho de postures et de galbes que la nature a su imposer depuis son implacable réseau mécanique jusqu’aux dessins qu’elle donne à admirer en façon de résultats. Il faudra encore longtemps pour que le public admette le même système de résonances dans l’art sonore abstrait – il faudrait même déjà que celui-ci vienne à portée de celui-là. Et pourtant, des travaux comme celui de Marc Namblard marquent des lignes de passage à la manière des courbes de niveaux sur la carte que le randonneur emporte avec lui. Dans le cas présent, il a capté et placé en composition des sons issus de vibrations dues à la tension qui joue dans les plaques de glace à la surface d’un lac gelé. Pour le tableau, les chants de corvidés, au loin, placent le babillage glacé dans un paysage, ils l’entourent, le survolent plutôt […]

Mimetic X – One more than nine (livre + 2CD)

Les Arts Miniswww.lesartsminis.com Mimetic, alias Jérôme Soudan, célèbre ses dix d’activités musicales en solo, qui l’ont placé dans une zone assez peu occupée, à l’intersection des musiques savantes contemporaines et de la musique électro-industrielle. Pour marquer cet anniversaire, il a choisi la double forme d’un livre, accompagné de deux CD présentant des pièces composées exclusivement de samples extraits des morceaux de ses disques parus durant ces dix ans. Le livre, dont toutes les pages sont illustrées de photographies (panoramas ou détails) réalisées par J. soudan, se propose, plus que la présentation d’une démarche de composition qui varie de la musique industrielle symphonique à une électro puissante minimaliste, de plonger dans les réflexions, les doutes, les joies et les peines de Mimetic au cours de ces dix dernières années. Je ne sais pas si cette incursion dans son intimité est ce qui doit intéresser en premier lieu l’auditeur. L’anecdote dissimule-t-elle la question principale de la création […]

Menace Ruine – The die is cast

Alien8 Recordingswww.alien8recordings.com Du métal qui habillait son précédent album, le duo canadien n’a gardé que la densité, se délestant des voix hurlantes. The die is cast est un disque de profonde et brûlante mélancolie et, répétitif et grésillant, il est aussi lourd et évanescent à la fois, comme bien des morceaux de Nadja – la chaleur a cet effet de liquéfaction puis d’évaporation. Mais dans cette brume d’où rien ne semble plus sortir que la tristesse subsiste encore une curieuse impression de paganisme et de chant de la nature. Du cœur du magma de cordes, s’élève comme en plainte médiévale le chant affligé de Geneviève, déroulé monotone jusqu’à une élévation en guise de refrain, qui fait alors descendre une cataracte d’accords clairs en écho à la subite clarté. Ce Moyen-Âge fantasmé est une silhouette et l’on entend dans les plis, dans les retenues, dans les percussions, dans les tournures de voix, comme une formule de […]

Marchetti Lionel – Adèle et Hadrien (le livre de vacances) 2CD / Marchetti Lionel & Seijiro Murayama – Hatali atsalei (l’échange des yeux)

Optical Soundwww.opticalsound.comIntransitive Recordingswww.intransitiverecordings.com Le livre de vacances d’Adèle et Hadrien met principalement en scène des voix d’enfants de la propre famille de Lionel Marchetti. Réalisés sur plusieurs années, les tournages sonores saisissent des dialogues d’enfants qui se savent en représentation mais qui souvent n’y prennent plus garde, habitués qu’ils sont. Par le jeu des pistes, de la composition, Marchetti a élaboré des scènes comme pour un film, qui, une fois assemblées, donnent l’illusion de la continuité. Des phrases reviennent, réminiscences comme le sont eux-mêmes les souvenirs d’enfance que la rêverie convoque chez l’adulte. Souvenirs de deux enfances choisies, soit, mais assez bien montés, respirés, pour évoquer parfois chez l’auditeur le spectacle ou l’infidèle mémoire de sa propre enfance. Les voix d’abord prédominantes, se laissent porter sur un courant sonore comme si les enfants remontaient vers une source de plus en plus bruyante. Les sons s’y élèvent, les voix chantent parfois, font l’œuvre profondément musicale – […]

The [Law-Rah] Collective – Inspiration / The [Law-Rah] Collective – …as it is…

Ant-Zenwww.ant-zen.comSpectre Recordswww.spectre.be Il est sorti récemment un disque à entendre comme l’un de ces points où les courants musicaux se mêlent, souvent délicatement sans qu’aucun limon ne colore trop violemment le flux que le torrent tributaire tente encore de garder avant de se dissoudre inexorablement dans l’ample cours. Ce disque, c’est Inspiration de The [Law-Rah] Collective. Pendant longtemps formation d’un seul musicien – Bauke van de Wal –, The [Law-Rah] Collective s’est augmenté de Martejn Pieck. L’épigraphe intérieure, citation de Psychic TV, est le programme de l’album et, partant, d’une grande partie de la musique ambiante postindustrielle : « This is the place where all roads meet, the place where all is secret. The place where time stands still in the comfort of night and love becomes will in the presence of light. I never want to leave. I never want to leave. I never want to leave. » Effleurement de l’état originel… Quoi de […]

KTL – IV

Editions Mego – La Baleinewww.editionsmego.com Il convient tout d’abord de ne pas courir rejoindre les hordes qui hurlent au génie, devant ce disque en particulier, comme elles le font devant Sunn O))) généralement. J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer à quel point la formation de Stephen O’Malley me semble surestimée, C’est un mouvement général, renforcé par ceux qui ont peur de ne pas en faire partie ! Mais il se trouvera bien, un jour, un enfant pour dire que l’empereur est nu… Hors cela, il faut aussi affirmer que la qualité des disques de KTL est autrement supérieure, toute considération de style mise à part. KTL est un duo constitué de Stephen O’Malley et de Peter Rehberg (alias Pita), label manager de Mego. Les deux premiers disques de KTL, le deuxième surtout, étaient de très beaux exercices dark ambient noise dont la lumière fuyait parfois, aussi épaisse qu’un bain de si haute densité pouvait la rendre, […]

Kraken – Drift

Spectre Recordswww.spectre.be Le premier album de Kraken que j’ai pu entendre, il y a dix ans, s’appelait Aquanaut. Il peignait l’esthétique des profondeurs que le simple nom de Kraken (monstre des profondeurs) suffisait à évoquer. Mais au contraire de Lull, Kraken jouait alors sur la représentation des conditions physiques qu’impliquent les grandes profondeurs. Quand Mick Harris / Lull effiloche, ondule, distribue de rares rayons lumineux et d’épaisses nappes de froid, quand il fait s’activer une faune opiniâtre et babillarde dans cet absolu aveugle, Kraken figure la forte pression et la quasi-impossibilité de mouvement : des sons relativement courts pour le style dark ambient qu’il avait élu. Si aujourd’hui il peut toujours revendiquer le même étendard (pour peu que cela l’intéresse), il a comme opéré une remontée vers des eaux plus proches de la surface, plus propices à la diffusion des sons et à leur prolifération. Abandon de l’absolu – de ce que visait son approche […]

Karkowski Zbigniew & Tetsuo Furudate & Zeitkratzer – World as will III

Sub Rosawww.subrosa.net Ce troisième volume de World as will n’a pas d’abord la puissance conceptuelle des deux précédents car les trois pièces qui le composent (jouées avec l’aide de l’ensemble Zeitkratzer) sont une collection de compositions dispersées, la première écrite par les deux artistes ensemble, la deuxième par Furudate seul, et la troisième par Karkowski seul. Si cette nouvelle déclinaison musicale de Le monde comme volonté de Schopenhauer rassemble des œuvres réalisées entre 2003 et 2005, leur parenté semble malgré cela évidente, d’abord avec la métaphore démiurgique que le titre appelle, et ensuite entre elles. Savoir si le projet World as will les a profondément guidées dans leur conception sera difficile, reste à observer si elles répondent aux équilibres et aux choix esthétiques que les deux premiers volumes distribuaient : la braise, la forge, le tonnerre souterrain, lieu de concentration énergétique où le rythme de fonderie règle l’épanchement du métal en fusion. Ces pièces sèches […]

Infant Cycle, The – Mysterious disc

The Ceilingwww.theceiling.ca La majeure partie de la musique de The Infant Cycle consiste en un travail sur le rythme claudicant, la boucle cassée, le sillon fermé, comme le grossissement de la boiterie de Silk Saw. La majeure partie oui, mais aujourd’hui, le Mysterious disc de The Infant Cycle est un album de drones. Pour autant, il ne transige pas avec son esthétique sèche et glacée, il en a simplement retiré les arêtes. Fréquentant physiquement et musicalement de nombreux artistes de la nappe, depuis Cordell Klier jusqu’à Aidan Baker en passant par Liquid Sphere, The Infant Cycle / Jim deJong s’est risqué sur leur chemin. La poésie dépassant la géographie, ou bien l’augmentant, on peut néanmoins affirmer qu’il n’a pas quitté sa propre voie. Ses nappes semblent aussi tressées en boucles, comme le sont habituellement ses sauts rythmiques, mais le minéral s’est dissous dans ce fluide qui n’est pourtant pas loin, tant il est froid, de […]

Guillet Michel – Without shade

ing-onwww.myspace.com/michelguillet Le cas de Michel Guillet est particulièrement intéressant parmi le nombre de musiciens fouillant le monde des musiques acousmatiques. Christian Zanési ne s’y est pas trompé, qui l’a invité à composer une pièce pour le festival Présences électronique. Guillet, comme nous l’avions remarqué il y a quelques années (Feardrop 12), semble plus que d’autres attiré par la richesse texturale des brouillages et des babillages électroniques, autant que par les échardes d’harmoniques qu’il peut extraire d’instruments acoustiques, dans le but assez clair de les plier dans un rapport de force : dessiner la forme sur une trame informelle. C’est dire qu’il ne « sample » pas la matière, mais qu’il manipule la substance même à qui il laisse toute sève. Pour pousser plus loin une métaphore forestière que nous avions risquée lors de la chronique de son premier disque The end between, disons que son travail n’est pas celui du menuisier qui utilise le bois […]

Fragment – Monolith

Cuckold Prod.http://cuckoldprod.altervista.org Lorsque Justin Broadrick a fait débuter Jesu, après avoir mis un terme à Godflesh, c’est avec le projet bien précis de développer des thèmes musicaux qu’il n’avait alors posés qu’épisodiquement (sur Pure ou Selfless par exemple), un rock lent et mélancolique, d’allongements de métal en évaporation. Cette formule, qui garde encore l’empreinte de Godflesh à bien des endroits, doit aussi beaucoup à My Bloody Valentine ou au Cure de Disintegration (Broadrick a récemment repris le morceau The funeral party, de Faith). Il n’est pas le seul à suivre cette voie. Le cas de Fragment est des plus éloquent, dont l’album Monolith est très voisin des exercices de Jesu. Cette figure tutélaire pourra sembler pesante, avec l’application de dosages identiques, jusqu’à la densité de la voix, les effets et les rythmes, à tel point qu’on ne peut congédier le mot plagiat dès qu’il est prononcé, à tel point encore que cette pensée peut se […]

Detritus – Fractured

Ad Noiseamwww.adnoiseam.net A moins d’être un artiste du socle, c’est-à-dire de se cantonner à la topographie méticuleuse, à l’exploration intime de la fibre, le musicien est vite appelé à ensemencer les reliefs qu’il a souvent empruntés. C’est ce qu’a réussi plutôt brillamment D. Dando-Moore alias Detritus sur cet album, Fractured, qui est à sa musique une sorte de printemps. Habile en rythmes, en basses et en cordes, désormais il illumine, décrète les embranchements savants, les arabesques mélodiques, les acharnements de pressions épiques (le morceau d’ouverture, Desolate). Il tire les samples, les constructions enchevêtrées vers des formes qui dépassent le calibre électro de sa musique. Ce que, peut-être, l’écoute de KMFDM ou Some More Crime a produit sur son sens de la palette s’entend ici comme la part tectonique de sa géographie. Pour la luxuriance et l’éclairage, il s’agira plutôt de phrases de violons et de pianos, rattachant l’exercice de Detritus à ceux de Katoo, Beefcake […]

Bowline – Bowline

Sonoris / Metamkinewww.sonoris.org www.metamkine.com Bowline est le travail commun de David Maranha (Osso Exotico) et Francesco Dillon (collaborateur de Matmos et Pan Sonic). Atelier acoustique et électroacoustique pour l’un, violoncelle pour l’autre, leur rencontre se fait dans la vibration, qui se doit d’atteindre la ligne courbe. Du premier et court morceau, on retiendra que la note fragile est une amorce, un fil, une radicelle, qui ancre le travail dans le silence. Il faut une telle solidité pour assurer la tension qui suit. Les trois autres œuvres de l’album (les deuxième et troisième aussi courtes que la première) sont bien plus expressives, parce que le violoncelle en tisse la fibre centrale. Il lui faut dessiner la courbe, harmoniser sa texture granuleuse au projet. C’est tout le travail humain, donner à croire au poli en tournant sans cesse le rugueux. C’est aussi la besogne de l’eau, et personne mieux qu’elle ne sait que l’on ne peut ainsi […]

Autopsia – Radical machines night landscapes

Illuminating Technologieswww.illuminating-technologies.com Il existe dans la musique, par la musique, un lieu où le temps se suspend. Ce lieu, pour Autopsia, est peut-être le fantôme de l’Europe, dont le Prague d’où il est issu pointe le centre. Une fois suspendue, cette Europe se remet en mouvement dans un temps qui s’arrange avec tout le vingtième siècle. Mais un vingtième siècle comme déserté (Berlin requiem est le titre, éloquent, du précédent album d’Autopsia), dont il ne subsisterait que les motifs des pianos élégants, des rythmes décharnés et l’incommensurable des salles de bal vidées. Ce projet, maintes fois décliné, pas toujours avec le même bonheur, par Autopsia, trouve ici l’un de ses plus belles réalisations. La grandiloquence qui l’empesait parfois s’est effacée devant ce qui n’est plus simplement qu’une heureuse gravité. Le synthétique se trouble de pianos qui entrelacent les modernités des années 20 et le minimalisme des années 60. Ce jeu de réponses et de compatibilité […]

Allen Cory – The fourth way

Quiet Designwww.quietdesign.us La capture de l’instant minéral, de la fontaine cristallisée, peut être un acte de haute bravoure. C’est ce que négligent parfois certains musiciens qui, dans le sillage de Fennesz ou de Deupree, montrent l’accident dans le faisceau d’harmoniques déjà formé. Pour Cory Allen, le tissage lumineux procède d’une création, d’un mouvement de sculpture, d’une extraction de la gangue. C’est d’abord le filon qu’il expose, puis le boulet brut, bouleversement noise primal, avalanche de crissement de quelques secondes seulement, mais combien essentiel dans la symbolique du geste. On y distingue déjà le reflet cristallin. Martelé, lissé, le minéral dévoile alors, et c’est dans ce sens que le travail est effectué, le beau rayon bleuté, encore griffé de stries crépitantes. Note d’orgue, de guitare ou de tout autre instrument capable de procéder à cette élégie de lumière bourdonnante, la clarté mûrit en s’effilant jusqu’à s’exonérer de toute écorchure, tout accident minéral, devenir pur éclat, fragile […]

Absent – Children

Guerilla Undergroundhttp://guerillablog.com Il est plaisant de retrouver le duo Absent à la fois si fidèlement ancré dans son style d’élection et maintenant si habile à le faire naviguer en de subtiles figures. Une bonne partie des épigones de l’electronica s’est évaporée et la suite d’Autechre n’est plus si populeuse. Il est alors temps de regarder les plus persévérants et d’entendre comment ils parlent désormais ce langage. Cette électronique parcourue de rythmiques brisées, de sons vissés et de nappes minimalistes peut s’étendre de l’abstrait au figuratif, mais aussi de l’accidenté au méditatif, sans que ces paires d’extrêmes ne coïncident obligatoirement. Les membres d’Absent ont gardé la pratique du grésillement mis en rythme, du son d’orgue joué en triplette de notes mélancoliques, les percussions à ressort, ils en ont maîtrisé l’alphabet risqué tant sa syntaxe recèle de pièges. Ils les évitent en des compositions patientes, froides et belles comme une aube, oui on les dirait réverbérations électroniques […]

1000schoen – Amish glamour (music for the sixth sense)

Taâlem / Lucioléditionswww.taalem.com Ex-membre de Maeror Tri, Helge Siehl a continué de composer après la séparation du trio. Mais il a été moins fécond et moins présent que Troum, la formation des deux autres anciens membres du groupe. Comme eux, il a néanmoins continué d’explorer par la musique ambiante des territoires de la conscience qui ne relèvent déjà plus du langage. Son univers est lumineux, humide, son paysage ouvert. Le drone, car il s’agit d’un orfèvre du bourdon, le drone est serti de fines percussions métalliques, tantôt en rythme mais rarement, plus souvent en ponctuation comme des éclosions. C’est une musique de matin, d’éveil et, quand certaines nappes restent alourdies de nuit, d’autres, plus légères, réchauffées, s’élèvent, torsadées en ébauches mélodiques (la cold wave de haute influence, sur le deuxième morceau). Cet aspect paradisiaque et pré expressionniste doit beaucoup à Zoviet*France ou à Voice Of Eye, et le troisième morceau est l’incontestable débiteur de Rapoon, […]

Wire – Object 47

Pink Flag / Differ-Antwww.pinkflag.com Cette nouvelle réunion de Wire – mais peut-on vraiment considérer que le groupe s’était “séparé” depuis 2004 ? – s’est faite sans Bruce Gilbert. L’homme au visage de glace, aux émulsions noise débordant hors du groupe dans de nombreuses expériences en solo ou en compagnie, la moitié de Dome en compagnie de Graham Lewis, la part d’ombre de Wire pour risquer une image rapide, n’a pas souhaité participer à Object 47. Et malgré le détachement qu’affectent de montrer ses coéquipiers, son absence n’a rien de naturel pour un groupe à la composition aussi stable (seul le départ de Robert (Gotobed) Grey dans les années 90 avait déjà perturbé l’édifice, jusqu’à la reformation de 2002). Il n’y a pas à regarder loin pour remarquer que les titres des morceaux d’ouverture et de clôture de l’album, One of us et All fours, peuvent résonner comme une allusion à cette absence. Dire que la […]

Tzolk’In – Haab’ / Fractional – Come mierda / Thermidor – 1929

Ant-Zenwww.ant-zen.comBrume Records www.brumerecords.com / www.thisco.net Il y a maintenant quelques années que le projet de collaboration entre Flint Glass et Empusæ s’est initié. Les deux formations partagent déjà le goût pour un corps hybride, où les rythmes électro-industriels, les mélodies synthétiques minimales et les basses séquencées ne forment que l’ossature parfois enfouie. Mais surtout elles ont en commun de savoir habiller de peau, de vapeur et de sombres nappes cette musique qui sans cela semblerait bien asséchée. En s’associant sous le nom de Tzolk’In, les deux musiciens ont d’abord privilégié la peinture vaste et sépia d’un paysage qui hésite entre le couchant et le levant, des nappes et des sons de cuirasse, échos attristés d’une bataille qui vient peut-être de faire rage. A ce stade, la comparaison avec Shinjuku Thief est inévitable et l’on se rappelle que Darrin Verhagen lui-même n’avait pas hésité à décliner ses panoramas cinématographiques au mode électro dans Shinjuku Filth. Mais […]

Troum – AIWS

Transgredientwww.troum.com Il semble que la formule musicale de Troum, après plusieurs années d’expérimentation, d’assimilation d’influences diverses quoique oscillant dans un angle assez réduit (cold wave, ambient, postindustriel), ait trouvé un équilibre qui s’est manifesté sous la forme de la trilogie Tjukurrpa. Depuis, elle est affaire de déclinaison ou d’emphase sur l’un ou l’autre des composants (mélodies, textures, rythmes). AIWS est toutefois, et malgré une attache profonde à ce qui fait l’identité de Troum avant même l’activation du duo (c’est-à-dire depuis l’incarnation précédente dans le trio Maeror Tri), un disque inédit dans sa discographie. On a dit l’importance historique que la musique industrielle prenait dans la composition de la musique de Troum, sans toutefois cerner justement le degré de cette présence. Il faut certainement entendre cette référence comme dans le sillage de Zoviet France, formation qui fut d’une influence prépondérante dans l’édification de ce qui rend solides aujourd’hui les fondations de Troum. Mais ni les uns […]

Shoemaker Matt – Spots in the sun / Shoemaker Matt – Mutable depths

Helen Scarsdale Agency / Metamkinewww.helenscarsdale.comFerns / Metamkinewww.fernsrec.com Matt Shoemaker travaille un drone que l’on qualifiera sans peine de natif, en ce sens qu’il sort tout juste du filon. Il est épais, magmatique, garde encore trace des glaces et des vents qui ont érodé sa gangue en d’autres ères. Il est métallique comme l’outil que l’on imagine pour l’extraire. Il est tout résonances brutes mais combien accordées les unes aux autres en un flot qui montre le choix du mineur pour la gemme extraordinaire. Les cloches, les field recordings, les souffles glacés, les soubassements liquides cimentant Spots in the sun se lient en un mélange mouvant qui sans cesse modifie ses équilibres et son cours comme le ruisseau indompté. Celui-ci est souterrain et charrie ces scories que le soleil met en valeur dès qu’elles surgissent au jour, des minéralisations dans le gluant d’harmoniques, des crépitements dans le chant fantôme des cordes caressées par le vent. Certains […]

Reuter Markus and Robert Rich – Eleven questions

Unsung Recordswww.unsung-records.com Il est de Robert Rich comme de Dirk Serries : de si nombreuses années à naviguer dans les eaux des musiques informelles ont composé un paradoxal goût du relief. A juger par Trances & drones, le double album anthologie par lequel nous fûmes nombreux à le découvrir, Robert Rich s’entend comme un précurseur du dark ambient glacial et stellaire, comme Lustmord avec qui il réalise quelques années plus tard la bande son imaginaire de Stalker. Déjà, on voit, on sent et on touche, et peu à peu ses œuvres se peuplent de couleurs, de températures et de tempéraments, jusqu’au Bestiary, magnifique animation de chimères publiée par Relapse il y a quelques années. Aujourd’hui, en compagnie du producteur allemand Markus Reuter, il relie la Californie au Fourth World. Cordes (guitares, basses, pianos) et flûtes, percussions et traitements, un flot de gestes qui recréent la chaloupe ethnofuturiste, le paysage hydraté, les protomélodies envoûtantes comme le […]

Machida Yoshio – Hypernatural #3 / Lavelle Brian – Supernaturalist

Baskaru / Chica Chicwww.baskaru.comEE Tapeswww.eetapes.be La trilogie Hypernatural de Yoshio Machida arrive à son terme. Et ce dernier volume est certainement le plus lumineux de la série, le plus dense aussi, dans la proportion qu’impose une telle musique de la méditation, de l’inspection intime. Toutefois, son sujet le prédisposait plutôt par convention esthétique dirons-nous, à une sorte de brouillard d’un bourdonnement évanescent ou à un chapelet brisé de craquements. Ce thème, après ceux de la mémoire et de l’extension de la conscience de paysage, est l’oubli. Les fragments de sons d’orgue, les souffles de ces tuyaux doucement bousculés par le vent, et coupés chaque fois dans leur bavardage, participent d’un genre où Stéphane Mathieu est passé maître, bien que les compositions de ce dernier déploient des textures plus solides et moins sensibles aux agressions météorologiques (même lorsqu’il s’agit de neige !). Machida est, le long des morceaux de cet Hypernatural #3, comme un bègue victime […]

Lull – Like a slow river

Glacial Movementswww.glacialmovements.com Il y a eu cet album d’Andrei Samsonov, Void in (sur Mute Parallel Series), qui exprimait littéralement le cours d’une rivière sous la glace. Elle diffusait sa propre lumière, loin de la surface qui était un autre état de sa matière. Mick Harris lui, en tant que Lull, a préféré depuis le début les courants abyssaux et la progression dans une totale obscurité. A peine y croise-t-on quelques créatures phosphorescentes. Autrement, c’est symphonie de la haute pression, et vrombissement d’une mélancolie de fond des mers – rumbling, rumbling, rumbling. Puis, parenthèse de plusieurs années, Mick Harris se consacrant pour l’essentiel à Scorn – Lull se réactive le temps d’un travail plus électroacoustique que nous avons publié en 2001. Aujourd’hui, les premières façons sont remises en œuvre. Mais on a récemment lu que Like a slow river ne marquait que trop peu de différences avec ses disques des années 1990 (Journey through underworlds, Dreamt […]

Hecq – Night falls

Hymenwww.hymen-records.com La courte discographie de Hecq / Lukas Boysen est déjà pleine de contrastes. Quatre albums précèdent celui-ci et ils n’ont pas, malgré leur projet commun, cadencé et cinématographique, les mêmes vertus. Un talent mélodique sûr, couplé à un goût pour les complexités de programmation rythmique, et c’est déjà un atout ou un handicap : que faire d’un tel foisonnement d’images ? Beefcake, Katoo et Gridlock s’y sont déjà embourbés eux aussi. A trop ensoleiller les panoramas qui recréent l’image dans la musique, on risque parfois de saturer l’imagination, ou pire, de la brimer. Quant aux écueils d’un certain mauvais goût de la luxuriance, Hecq, sur ses premier et quatrième albums, n’a pas pu y échapper plus que ses homologues cités. Night falls s’annonce comme un album de la rupture, de l’entrée dans une ère d’austérité. Le titre, pas plus que la pochette, un quasi-monochrome noir, n’est anecdotique. S’ils sont tous deux aussi emphatiques, c’est […]

Delplanque Mathias – L’inondation / Delplanque Mathias – La plinthe

Mystery Seawww.mysterysea.netOptical Soundwww.optical-sound.com www.mathiasdelplanque.com Tout comme le peintre sait combien il est difficile de figurer le mouvement par l’immobile, certains musiciens minimalistes savent combien il est difficile de jouer l’immobilité avec ce qu’on ne peut arrêter. C’est peut-être ce point qui fera comprendre un jour la musique par un plus grand nombre comme un art de l’image. Arrêter le court du son, son déroulement ontologique dans l’espace et dans le temps, nul n’y est tenu, car nul n’est tenu à l’impossible. Mais l’artiste est souvent un tricheur, qui tente de donner le change. Mathias Delplanque, qui sait distribuer les brillances en musique (Lena), a aussi sa face obscure, ses replis ténébreux. Au plus profond de certains d’entre eux, il tente la prouesse que nous avons décrite. Dans L’inondation par exemple (comme naguère dans la formation Missing Ensemble), il plonge dans un goudron filandreux, une nuit de souffle brumeux et de cliquetis rouillés. Une pulsation rare, […]

Birds Build Nests Underground – Night night / Jeck Philip – Sand / Schaefer Janek – Alone at last

Love Nestwww.bbnu.euTouch / La Baleinewww.touchmusic.org.uk www.sirr-ecords.com Ce n’est pas tant dans l’espoir de promouvoir une édition limitée à 333 exemplaires du vinyle de Birds Build Nest Underground que nous évoquerons Night night, que pour souligner les grandes qualités de la musique du duo tchèque, dont un prochain album doit bientôt être publié. Platines et vinyles préparés constituent le seul arsenal de BBNU. Il ne saurait être question d’instruments, même au sens le plus large du terme, quoi qu’on en dise. Une guitare peut produire mille sons, mais il s’agit toujours de cordes, d’une caisse, d’un manche. Un vinyle est un support pour des sons qui ne sont pas produits par lui, mais soutenus et préexistants. En ce sens, il s’agit bien plus d’une technique de recyclage que d’une instrumentation. Chercher alors à rapprocher le travail de BBNU de celui d’autres manipulateurs de vinyles peut se révéler plus qu’hasardeux. Pourtant, malgré sa singularité, une certaine parenté […]

Beehatch – Beehatch

Lens Recordswww.lensrecords.com Il existe peu de territoires de la musique électronique qui aient échappé au quadrillage de Mark Spybey. Cet ex-membre de Zoviet*France (dont il a reformé une section parallèle avec le membre fondateur Robin Storey : Reformed Faction) s’est surtout fait connaître dans les années 90 avec ses projets Dead Voices On Air et Propeller. Ambient magmatique, électro abstraite ou vintage et minimale, kraut rock, ses déclinaisons sont parfois conjuguées au talent des collaborateurs qu’il choisit. Cette fois il s’est associé à Phil Western, qu’il a rencontré lorsqu’il faisait partie de Download, projet parallèle à Skinny Puppy. Composé par l’intermédiaire de l’internet, l’album est pourtant très fluide, partagé comme le désert entre aridités et oasis verdoyantes. Gardant en commun le soleil au zénith, les morceaux s’étirent pour les uns en traitements de drones et pour les autres en élégantes digressions electronica aux accents 70 et 80, rappelant le velours de Depeche Mode période Violator. […]

Batchas – Explorations 85-95 / Arcane Device – Devices 1987-2007

Monochrome Visionwww.monochromevision.ru A la manière d’un conservateur de musée, le label moscovite Monochrome Vision publie exclusivement des enregistrements rares ou inédits de figures de la musique expérimentale, pour la plupart composés avant 2000. Les artistes contactés doivent donc exhumer leurs archives, souvent pour dévoiler ce qui n’aurait jamais vu ou revu le jour. On se rappelle les Musiques immobiles de Laurent Pernice, plus récemment Nubes, cometas, rumores y oregas de Rafael Flores (Commando Bruno) ou encore Drilling holes in the wall de Gen Ken Montgomery. C’est avec beaucoup d’émotion que l’on découvre les archives inédites de ce musicien sensible et rare qu’est Batchas. Ses Explorations 85-95 font littéralement plonger dans son univers utérin, essai pour ainsi dire unique de recréation amniotique de la perception dans un cadre de musique industrielle. En vastes masses organiques, ses compositions font entendre le liquide et le rythme cardiaque, le toucher mal assuré et le flux des humeurs. Tous ces […]

Bass Communion – Pacific codex

Equation Recordswww.chronoglide.com/equation.html Il existe plusieurs chemins pour atteindre à la dissolution, l’un d’entre eux est la contemplation de l’océan, depuis la plage ou de son dedans. Les vagues, les flux, rapidement pressent le nageur jusqu’à ces fonds obscurs que Mick Harris a si brillamment musicalisés dans ses disques de Lull. Comme lui, Steven Wilson lorsqu’il prend la forme de Bass Communion joue une profonde musique d’inquiétude. La sienne est un tissage de différents traitements de sons graves, issus de cordes ou de field recordings. Sous l’eau, dans le froid courant qui s’insinue au ras des sables aveugles, Bass Communion édite son Pacific codex, un manifeste de musique ambiante sombre et dissolvante. Les tintements medium qui illuminent parfois la lourde texture résonnent en auréole violacée, laissant deviner cette manière de monstrueux épiderme qu’étirent les drones glacés et les grondements métalliques. Toute la structure est construite de ces sons du métal ; celui-ci s’est fait la lettre […]

Opitope – Hau

Spekk / Mochi Mochiwww.spekk.net Le label japonais Spekk s’est construit, notamment grâce à la compilation Small melodies qui est un quasi-manifeste, une esthétique large mais très exigeante quant aux conditions de densité et d’éclairage. Ce petit monde qui compte déjà une douzaine de références est celui de la cascade d’harmoniques ponctuée d’éclats numériques, du fantôme mélodique dans la corde jouant l’abstraction, ou au contraire de la mélodie minimaliste mais accomplie dans le drone d’orgue. Les sons d’Opitope, duo japonais, sont tout cela et plus encore. Rappelons-nous que la lumière se rapatrie depuis tous les points du paysage. Ils sont l’automne et le printemps, le zen et la naissance. Ils sont l’écho de Stephan Mathieu, de Mitchell Akiyama et de Michael Nyman, ils sont la pluie et les oiseaux. En cela, ils sont une autre synthèse merveilleuse de l’esprit musical dont le label se veut une fenêtre. Chaque morceau de l’album est en même temps épiphanie […]

Pan Sonic – Katodivaihe / Angel – Kalmukia

Blast First Petite / Differ-Antwww.blastfirstpetite.comMego / La Baleinewww.editionsmego.com Le minimalisme de forme et de composition de Mika Vainio et Ilpo Väisänen, le duo Pan Sonic, pourrait pour plusieurs raisons laisser imaginer un tarissement de leur œuvre, dans l’ensemble remarquable. Les parutions se sont d’ailleurs espacées et, depuis celle du coffret quatre CD Kesto, de nombreux mois avaient passé. Ce coffret précisément, était une manière de bilan, montrant que leur exercice était plus large que la formule click’n’cut ne laissait apprécier. Pour qui a écouté Pan Sonic dans toutes ses profondeurs, il s’agissait en fait d’un grossissement, d’une focalisation et d’une exploration concentrée. Pulsation minimale bien sûr mais aussi drone et stridences constituaient les axes principaux de ce manifeste qui s’augmentait d’hommages déclarés à de grands noms de la musique expérimentale comme Throbbing Gristle, Keiji Haino, Bruce Gilbert, Alvin Lucier, Suicide ou Charlemagne Palestine. Etonnante décomposition prismatique de ce qui fait le rayon tout entier d’une […]

Wild Shores – Optophonia

Optical Sound www.opticalsound.com www.wildshores.free.fr On a peut-être trop considéré les trois musiciens de Wild Shores principalement comme un groupe de scène, de performance artistique sachant allier une pop électro élégante, sensuelle, à la délicate hypnose du travail vidéo qu’ils accompagnent ou par lequel ils sont accompagnés – Servovalve étant le collaborateur le plus fréquent. Alors, la musique de Wild Shores s’enfuit, avec uniquement deux albums jusqu’à maintenant, fort dissemblables. Un premier CD proche de l’esthétique dark ambient de Lustmord et Illusion Of Safety, et l’autre comme sa contrepartie, travail d’électro mélodique, chantée, raffinée et onirique, peut-être l’imprégnation des partenaires de Von Magnet. Des apparitions sur scène donc, des projets de vie artistique à plusieurs où les médias se mêlent – c’était avant tout le but du festival Artooz qu’ils ont animé pendant quelques années à Limoges. Et maintenant grâce à Optical Sound une réunion de plusieurs morceaux, épars mais pourtant saisissants d’unité une fois assemblés. […]

Von Hausswolff Carl Michael – Topophonic models / Elggren Leif – Is there a smell on the other side?

Feldwww.feld-records.com / MetamkineFirework Editionwww.fireworkeditionrecords.com De l’écoute musicale découlent souvent les notions de narration et temps, et si la première dépend du second, celui-ci est directement consubstantiel à l’art sonore. Quant à l’espace il n’y échappe que rarement, dans la boucle et le balayage panoramique par exemple. C.M. Von Hausswolff a trouvé une façon différente de le décrire (d’autres musiciens également mais pour le créateur suédois il s’agit de son projet) : une manière de peinture sonore ou, mieux dit, de traduction de l’espace, non pas figurative (c’est-à-dire qu’il faut renoncer ici à imaginer une fresque) mais bien texturale, nouant certainement la teneur, le grain, la couleur et la densité du lieu, à la forme du sinus choisi. Car, en peintre sonore ABSTRAIT, C.M. Von Hausswolff a aussi choisi depuis longtemps la voie du minimalisme. Ce troisième CD consacré au thème de l’architecture (les deux autres avaient paru sur Sub Rosa et Firework Edition) s’entend comme […]

Scorn – Stealth / Scorn – s/t (10’’ picture disc)

Jarring Effects / Ad Noiseamwww.jarringeffects.net www.adnoiseam.netÜne Recordswww.unerecords.com Pour Mick Harris, aucune période d’apparente inactivité n’en est vraiment une. La musique est son expression naturelle, canalisation d’une tension et peinture expressionniste. Elle semble s’imposer sans relâche, car elle a comme la rivière fait son lit et dessiné des méandres. Ces deux nouveaux disques de Scorn reprennent le courant où les derniers disques publiés par Ant-Zen l’avaient dirigé. Dub mid tempo, circonvolutions de basses et firmament d’effets tracent les contours d’une musique qui s’est peu à peu familiarisée avec l’électro pour l’intégrer à son système. Et ce n’est qu’une des décorations qui montrent un esprit singulier au travail. En vérité, c’est un travail de création perfectionné et perfectionniste, une attention portée aux mouvements, comme ces percussions boisées, retours d’écho en forêt. Car il s’agit bien d’une sylve. Mais là où la nature laisse chaotiquement les arbres s’agencer, Mick Harris crée un lacis complexe découpé mathématiquement. Une forêt […]

Renou Christian – Ex-voto / Renou Christian – Gone with the wound

Elsie And Jack Recordingswww.elsieandjack.comTaalemwww.taalem.com Le but avoué de Christian Renou à la fin des années 90 fut la rupture avec ce qui avait constitué le fonds de son projet musical Brume durant quinze ans : la narration, la dimension filmique, et même, lyrique. Pour cela, il a d’abord abandonné le pseudonyme Brume, aussi potentiellement ouvert fût-il. Cette page tournée et un nouvel équipement (informatique, pour lui qui n’avait travaillé qu’avec des instruments et des bandes) devaient l’aider à trouver la voie du minimalisme, de l’atomisme, de l’extase des formes microscopiques et du courant sinusoïdal. On a pu entendre plusieurs de ses travaux dirigés dans ce sens, comme Fragments & articulations (Groundfault), 7 kisses (EE Tapes) ou sa participation à Dissolution (Fario) en compagnie de Troum. Chaque fois, le mot d’ordre était respecté, dans l’intention, c’est-à-dire qu’on y sent le geste volontairement économe, le paysage sciemment cadré. Mais voilà, il s’agit toujours d’un paysage. L’évidence s’est […]

Reformed Faction – The war against…

Soleilmoonwww.soleilmoon.com Reformation parallèle à Zoviet*France, deuxième canal historique en quelque sorte, cette Reformed Faction, constituée de Robin Storey et Mark Spybey (Andy Eardley avait participé au premier album), s’entend comme la manifestation profondément poétique d’un sentiment politique. The war against… ou la réflexion sur la recherche d’un bouc émissaire qui, depuis la fin de la Guerre Froide, prend de multiples visages. Et quel plus solide enracinement pour deux vétérans de la navigation cosmique que les percussions qui, pleuvant ou s’élevant, forment des accroches au sol. La musique de ces maîtres de la musique industrielle se sécularise ainsi dans les tournants rythmiques qu’elle adopte. Le monde éthéré de Robin Storey / Rapoon, les mortes voix dans les ondes de Mark Spybey, s’accrochent et se diffusent depuis des séquences de percussions ethniques pour les unes, industrielles grises pour les autres. We develop grey, l’un des slogans de Reformed Faction, ou la position (le positionnement) d’une musique dans […]

Rapoon – Time frost / Rapoon – Alien glyph morphology

Glacial Movementswww.glacialmovements.comSoleilmoonwww.soleilmoon.com Invité par Alessandro Tedeschi / Netherworld sur son label Glacial Movements pour participer à l’archétype glaciaire, Robin Storey / Rapoon a choisi d’autres sons que ceux de la banquise. La température y est effectivement basse mais l’éloquence du titre Time frost est bien plus à trouver dans le temps que dans le gel dont tout le monde convient pour l’appréciation de ce projet. La problématique du temps est, pour Robin Storey, cruciale. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec lui à ce sujet dans l’article qui lui est consacré au sommaire de Fear Drop 13. Temps circulaire plutôt que temps rectiligne, toute son esthétique musicale témoigne d’un choix, non pas actuel mais mythique, et l’intérêt que Robin Storey porte à cette notion s’écoute dans ses boucles tout autant que dans sa restitution d’un monde intact car sans cesse régénéré par le cycle. Time frost est peut-être une version plus combative de cette […]

L’Objet – Monorail

Structurewww.structure-records.com Les frères Harpagès qui, sous leur propre nom ou sous le pseudonyme improbable de Tobby Jones vs Grumber Julos avaient montré jusqu’à quel point les allongements de cordes pouvaient les émouvoir, ont décidé de redonner aux guitares une expression plus conventionnelle, un exercice où post-rock et réminiscences Kraut et cold wave forment la structure de la musique. Sous l’appellation minimale de L’Objet, en compagnie d’Arnaud Boulogne, ils ont publié un premier disque homonyme, sorte de laboratoire où la formule ne semble pas encore fixée. Puis, ils ont affiné les dosages et centré leur expression sur la répétition – ce qui n’est que peu étonnant au regard de leurs exercices de musiques ambiantes et statiques. Comme une contrepartie de leur bouillonnement lumineux, cette chimie paraît d’abord un peu sèche, décharnée autour des caisses claires tyranniques. Elles imposent à la guitare et à la basse des ritournelles entêtantes qui au départ ne paraissent viser aucune résolution. […]

Nilsen BJ – The short night

Touch / La Baleinewww.touchmusic.org.uk Cette nuit si courte, c’est celle qui répond à la nuit sans fin, qui dans le même endroit rend l’homme vigilant aux rythmes de son propre corps plus qu’à la course du soleil. Le Nord, ce Nord ultime que le Suédois BJ Nilsen côtoie, est célébré sur The short night comme le point de mire, sans cesse au fond de l’horizon, réalisation d’une vie, d’une errance. Jacques Cartier et tant d’autres en ont fait leur but ou leur passage, ce qui fait peu de différence lorsque le passage est le but. Dans le plus filandreux des brouillards, le nouvel album de BJ Nilsen s’annonce comme le plus abstrait de ses travaux, à distance du dark ambient expressionniste de ses débuts. Hazard semble loin, même sous sa forme la plus mûre. BJ Nilsen s’est libéré de ses attaches narratives pour se permettre les déviations de forme qui lui font parcourir toujours plus […]

Colley Joe – Hive / Toniutti Giancarlo – ura itam taala’ momojmuj löwajamuj cooconaja / Toy Bizarre – kdi dctb 039

www.fernsrec.com Plus encore sans doute qu’au temps de GMBH (le label qui a en quelque sorte précédé Ferns) cette collection en construction privilégie l’intimité, que le champ soit fermé ou bien ouvert. Le format du mini-CD 3’’ favorise cette approche, dans un format obligatoirement bref mais qui permet un développement plus long que celui de la face de 45t, plus adaptée au « coup d’éclat ». Après Daniel Menche et Michael Northam, c’est au tour de l’Américain Joe Colley (autrefois connu sous le nom de Crawl Unit) d’ouvrir avec Hive un pan de ses résonances personnelles, intéressantes car esthétisées, poétisées, sculptées en objet sonore d’accès universel. La ruche est son lieu d’élection, univers d’aliénation de l’individu, de reproduction du motif (l’alvéole) et de la fonction (ouvrière, nourrice, etc.) mais c’est aussi un joyau fascinant pour qui sait l’observer en géant dont la multitude n’a qu’à peine conscience. Cette position donne le regard d’un dieu et […]

Beequeen – Seltenturm Beesides 1989-2000 / Freiband – Leise / Frans de Waard – Vijf Profielen

Plinkity Plonkwww.beequeen.nlCrónicawww.cronicaelectronica.org www.alluvialrecordings.com Les nouvelles compositions de Beequeen ne paraissent désormais que de loin en loin mais le duo de Frans de Waard et Freek Kinkelaar promet une suite prochaine à Natursymfonie, Ownliness et The bodyshop. Pour l’heure, il a décidé de visiter son fonds déjà important et de le publier sous forme d’anthologies. On a encore en mémoire le magnifique A touch of brimstone, paru il y a quelques années, réunion de morceaux publiés primitivement sur des compilations. Seltenturm Beesides 1989-2000 regroupe des enregistrements épuisés devenus rares et qui, malgré les quelque dix années sur lesquelles ils s’étalent, sont remarquables d’unité. Le projet d’une musique ambiante à la fois froide et minimale réalisée de manière sensuelle sans limitation de source et d’instrument montre sans ostentation l’économie du geste et la recherche d’un état de grâce dans la proximité de l’immobile. De beaux drones bleutés, des vagues de plaintes en coupole vite avalée par l’horizon, […]

Gjöll – Not to lead nor to follow / Pure / El Gusano Rojo / Gjöll – Ginnungagap

Ant-Zenwww.ant-zen.comDuumviratwww.duumvirat.com On s’impressionne rarement du spectaculaire après l’avoir goûté de nombreuses fois, car sa nature même en fait une puissance éphémère, une jouissance inversement proportionnelle à sa répétition qui semble nuire à son effet. Pourtant, Way through zero, le premier album de Gjöll, dont l’énergie calorifique et tellurique émanait d’une action plutôt que d’un état, ressuscitait la passion dans un tumulte originel. Cette réussite postindustrielle et rituelle, d’une grande violence sonore, n’avait pas moins de légitimité que le tonnerre ou le magma ; c’était une colère et sa domestication, un chemin sacré vers l’abandon de la pulsion d’autodestruction. Avec Not to lead nor to follow, le duo islandais tente en premier lieu une redite de cette surchauffe et de son apaisement. Mais les deux premiers morceaux, soumis au dur fer de fonderie, ne font résonner aucun bruit que le leur. L’énergie et la tension qui traversaient les morceaux de Way through zero comme un seul […]

Contagious Orgasm – Ripple

Ant-Zenwww.ant-zen.com Ripple, l’ondulation – il n’y aurait sans doute pas de plus beau nom pour ce nouvel album de Contagious Orgasm, qui s’est créé sous une belle carapace rutilante, aluminée, plutôt inédite dans la discographie de Hiroshi Hashimoto, où les appendices et leurs flexions laissent habituellement voir les flots d’humeurs compliquées qui les traversent. Ici, c’est l’habit d’automate et les rotules d’acier qui articulent, paradoxalement, la composition qui depuis tant d’années figure le fluide vital et ses images. Ses métaphores familières (ciel, eau, lacis…) ressurgissent, mais moins souvent, elles sont lissées et forcées de s’adapter à la forme mécanique. Il en est pourtant une qui, loin de se soumettre, gouverne encore toute la musique du Japonais, parce qu’elle lui est consubstantielle : le flot, le flux. Qu’il soit organique, minéral, technologique ou cinématographique, il constitue la façon de vie musicale vue par Hiroshi Hashimoto Mais Ripple, l’ondulation, est un flux aligné sur une progression géométrique, […]

Pateras Anthony – Chasms

Sirrwww.sirr-ecords.com C’est dans la pluie que débute cet album d’Anthony Pateras, le premier qu’il réalise seul sur piano préparé. Mais c’est une pluie figurée, de martèlements – il rend au piano toute sa nature d’instrument percussif –, qui vite se fait assez dense pour s’agglomérer en roulement, tournoyer comme un petit cyclone. Lumineux comme un gobelet rempli de verroteries, agité frénétiquement, il scintille, clignote, s’apaise pour attaquer les notes graves et terminer le balayage des cordes. Une fois ces présentations faites, ce tour de chauffe effectué, ce qui pourrait s’éterniser en circonvolutions encore chaotiques devient peu à peu une représentation de symphonie liquide, évoquant Varèse et Cage et peut-être plus encore Charlemagne Palestine lorsqu’il fourmille sur les carillons. Le premier morceau de l’album, Residue, connaît un autre dénouement, précisant encore la puissance dramatique de la composition de Pateras, en ce sens qu’elle prépare son moment de résolution en accumulant les tensions et en creusant les […]

Dirge – Wings of lead over dormant seas

Blight Records / Equilibre Music / Productions Spécialeswww.dirge.fr Marc T. a bien mis fin à Dither, il en reste toujours des traces dans Dirge. La nappe qui introduit ce nouvel album en témoigne dans la forme. Et tout au long du disque, la matière résonne des années d’application ambient mid tempo. Qu’on ne s’y trompe pas, Wings of lead over dormant seas – qui est sans doute le plus profond et le meilleur des travaux de Dirge – est baigné de métal ; son titre l’atteste autant que le passé (mouvementé) du groupe. Aujourd’hui stable, celui-ci regarde sa musique évoluer vers l’immobilité, dans ces eaux dormantes qui sont, comme chez Poe, le miroir reflétant tout autant que le puits de l’insondable. « Devant l’eau profonde, tu choisis ta vision », écrivait Bachelard. Pour Dirge, il semble que les deux images, le ciel et le fond, se mêlent. Les longs morceaux de l’album réverbèrent le rock […]

On – Second souffle / Arca – On ne distinguait plus les têtes

Brocoli / Metamkinewww.brocoli.orgIci d’ailleurs / Differ-antwww.icidailleurs.com Sylvain Chauveau est un musicien étrange, dont les œuvres sont parfois lisses jusqu’à en devenir diaphanes, tandis que d’autres savent attraper l’oreille et plus encore faire résonner une part souvent inexprimable de l’émotion musicale. La double pratique formelle de Sylvain Chauveau, que l’on peut qualifier rapidement de mélodique et expérimentale à la fois, ne semble pas appuyer une encombrante schizophrénie artistique mais plutôt l’embrassement d’une expression originale qui s’abreuve à ces deux sources. Leurs formes, il est évident que Chauveau les aime, son duo guitare / clavier Micromega (en compagnie de Fred Luneau) l’attestait (bien plus que la pop de Watermelon Club, son groupe d’origine). La complexité prenait alors la forme d’une mélancolie dans des esquisses mélodiques simples déployées dans les résonances les plus travaillées. Ce qui paraît alors comme une manière d’extrémité dans son parcours musical se trouve maintenant distillé selon une dilution plus ou moins élevée dans […]

Jazkammer – Balls the size of Texas, liver the size of Brazil / Marhaug / Asheim – Grand Mutation

Purplesoilwww.egoland.org/psTouch / La Baleinewww.touchmusic.org.uk Manipulateur expérimenté de bruits divers, Lasse Marhaug façonne les échos industriels jusqu’aux distorsions de cordes, appliquant le collage et les déflagrations informatiques. Son exercice s’est toujours pratiqué de manière très organique, physique, il est tout autant héritier de la musique concrète que de l’édification industrielle. Cette sensitivité est à l’image de sa façon de jouer et de se situer dans la (les) scène(s) où son nom s’est répandu. Membre de longue date du collectif norvégien Origami Republika, il se place dans la continuité de nombreux artistes (dépassant le domaine de la musique), un artisan. Son affiliation assez récente à une certaine aristocratie de la musique expérimentale radicale ne semble en aucun cas le résultat d’un calcul. Lasse Marhaug est devenu une artiste de référence parce que son travail s’accompagne d’une véritable inventivité, et que le duo Jaz(z)kammer (voir Fear Drop 9), qu’il a fondé avec son compatriote John Hegre, s’est imposé […]